Inceste : « Il y a une vraie carence au niveau du soin en France », selon un collectif d’aide aux victimes

 

Sylvie Benamou, vice-présidente du CAIIP, le collectif d’aide internationale inceste et pédocriminalité, demande un meilleur accompagnement thérapeutique des victimes d’inceste. Car aujourd’hui, beaucoup de thérapies sont interrompues, « faute de moyens », dit-elle.

Depuis la parution du livre de Camille Kouchner « La familia grande », le 5 janvier dernier, les langues se délient. Des milliers de victimes d’inceste témoignent sur les réseaux sociaux et dans les médias des viols ou agressions sexuelles qu’elles ont subies, lorsqu’elles étaient enfants. Certaines se tournent aussi vers des associations pour se libérer d’un poids.

Au collectif d’aide internationale inceste et pédocriminalité (CAIIP), les inscriptions aux groupes de parole ont « augmenté de 30% depuis le début du mois de janvier », explique sur France Bleu Paris, la vice-présidente du CAIIP, Sylvie Benamou, ce lundi 22 février. Elle note aussi que le profil des personnes qui la sollicitent est un peu différent. « Ce sont des gens qui parlent presque pour la première fois, ils sont beaucoup plus jeunes aussi. D’habitude, on a une population de 40-45 ans et là, on est plus sur des jeunes des 25-35 ans. Ils se sont rendus compte qu’ils n’avaient pas à avoir honte de chercher de l’aide, de pouvoir parler. »

Pour Sylvie Benamou, le problème, c’est le suivi. Car une fois que les victimes ont parlé, que se passe-t-il ? « Il y a une vraie carence au niveau du soin en France, regrette-t-elle. C’est très compliqué d’avoir une prise en charge thérapeutique. Les victimes d’inceste entreprennent une thérapie qu’elles sont obligées d’arrêter, faute de moyens. Aujourd’hui, une fois qu’elles ont pu parler et participer à nos groupes de parole, les victimes nous demandent vers qui elles peuvent se tourner pour un accompagnement thérapeutique. Le problème, c’est que c’est à leur frais, ce qui explique pourquoi elles sont si mal prises en charge aujourd’hui.

Je pense vraiment qu’on peut se rétablir de l’inceste mais c’est un travail long, et pour ça, il faut trouver des spécialistes, poursuit-elle. L’idéal, c’est déjà de se tourner vers une personne de confiance et des associations. Le premier pas est toujours compliqué à faire. On le voit bien dans nos groupes de parole, les personnes qui parlent pour la première fois sont extrêmement anxieuses au début. Et après, il faut un suivi. »

 

Source France Bleu : https://www.francebleu.fr/infos/societe/inceste-il-y-a-une-vraie-carence-au-niveau-du-soin-en-france-selon-un-collectif-d-aide-aux-victimes-1613979980